« Les ateliers menés entre octobre et décembre 2019 avec les 4ème CHAM du collège Longchamp avaient pour finalités un travail réflexif sur la commune et l’écriture de chants où l’on perçoive les résonances de ce moment de l’histoire de la ville avec le présent et l’imaginaire des adolescents qui l’habitent aujourd’hui. Les thématiques et les enjeux du spectacle offraient de nombreuse pistes de recherches.

La commune est un « objet de désaccord » pour les historiens. Nous sommes partis de là, de ces mots: Quels objets pourraient matérialiser les désaccord et les révoltes d’hier ou d’aujourd’hui?

Nous avons abordé l’écriture de chant comme une écriture poétique. En nous appuyant sur des éléments concrets (les objets, des territoires), et en lisant le poème de Rimbaud « Chant de guerre parisien » nous avons expérimenté comment la poésie peut témoigner de la révolte, mais aussi être travaillée par elle et s’en trouver renouvelée. Tout en restant dans une forme versifiée adaptée au chant, nous avons cherché des sonorités nouvelles et des bouleversements rythmiques. Déploiement lexical, écriture de paysages poétiques (images et sons), attention aux surprises (rencontre de mots, contrastes…). Chaque élève a été invité à imaginer un texte libre à partir de ces éléments. Avant de nous lancer, nous nous sommes imprégnés de poèmes engagés et chantés (protest songs, chansons engagées de Prévert « Le Soleil brille pour tout le monde il ne brille pas » / Cie Kta « Peut-être aujourd’hui, je meurs ») et nous avons écrit en écoutant des musiques proposées par Richard Dubelski.

La commande d’un chant promotionnel pour les besoins du spectacle nous a orienté vers une réflexion sur l’écriture argumentative, publicitaire, voire « propagandaire » et sur la recherche d’une énonciation à la fois convaincante et distanciée. La lecture des textes poétiques de Gherasim luca, Tarkos et Nijinski nous a permis d’aborder l’anaphore, la répétition en y introduisant une sorte « d’obsessionnel productif » à la fois proche de la syntaxe publicitaire, mais détournée vers un sens inattendu/déconcertant, pouvant approcher la folie. Les petits jingles individuels créés ont donné lieu à des réécritures collectives pour donner le chant « Rêver Belle de Mai »…

Enfin, c’est la part nocturne, fantasmatique, de la Commune qui nous a occupés. Sur des musiques choisies par Richard Dubelski, nous avons écrits des rêves. Suivant une trame commune, chacun a pu tracer ses chemins de traverse (routes, déroutes, détours, errances) au fil de ses propres désirs, colères, craintes et vertiges. Caviardages, ajouts associatifs, réécriture sous contraintes: le travail poétique sur les silences (ellipses, rythmes) et les intensités nous a amenés à élaborer, à partir des textes individuels, puis des textes écrits en duos, un rêve collectif, non pas unifié, mais composite, hétérogène.

Les allers-retours entre expression individuelle et élaboration collective ont aussi permis d’interroger la révolte dans ces deux dimensions.

Tous les textes écrits ont été recueillis dans un livret. Cette matière, très riche, sera reprise comme point de départ en septembre 2020, pour la finalisation d’un répertoire de huit chants sur cette thématique de la Commune de Marseille et du bataillon de la Belle de Mai. »

Fanny Blondel

 

Présentation de Fanny Blondel, parolière.

 

Azénor, élève de 4ème CHAM, couche sur le papier ses paroles.
Fanny Blondel explique aux élèves le déroulement des ateliers
Fanny Blondel et Mme Quenardel, professeure de français au collège Longchamp supervisent les ateliers d’écriture de chants.

 

Documents à consulter:

Bilan pédagogique de Claire Quenardel sur les ateliers d’écriture

Livret de chants B2M 2018/2019